Quel poids doit avoir un site Web?

La version originale de cet article a paru dans la revue Le Manager

No. 54, janvier 2001, page 37


Par Mohamed Louadi, PhD

La conception d'un site Web passe souvent par beaucoup de créativité et d'inspiration, mais créativité et inspiration ne doivent pas se faire aux dépens de l'internaute qui peut s'impatienter devant une page qui s'éternise à s'afficher sur son écran et qui risque ne pas attendre qu'elle soit complètement téléchargée.

Les conclusions d'une étude publiée en octobre par Byte Level Research sont à ce titre édifiantes.

L'étude portant sur 150 sites Web a pu déterminer le «poids» médian d'une page, c'est-à-dire le nombre moyen de kilo-octets de données par page et l'a situé à 89 kilo-octets. Étant donné que le «poids» optimum se situerait à 60 kilo-octets, les pages concernées par l'étude sont en moyenne plus lourdes qu'il ne fallait. Par ailleurs, les analystes de Jupiter, un autre bureau de recherche spécialisé dans les études sur l'Internet, estiment qu'il n'y a aucune raison pour qu'une page pèse plus que 40 kilo-octets (rappelons qu'un octet équivaut à un caractère latin et qu'un kilo-octet équivaut à 1024 caractères).

Selon ces critères, les meilleurs sites sont ceux de Yahoo! avec 37 kilo-octets et Lycos avec 30 kilo-octets. A eux seuls, ces deux sites accaparent près de 84 millions de visiteurs par mois. Se rendant compte que les sites de compagnies opérant dans les mêmes secteurs d'activité avaient sensiblement les mêmes poids, Byte Level Research avait groupé les sites par catégorie puis avait calculé la moyenne par groupe. Ainsi, les moteurs de recherche pèsent en moyenne 54 kilo-octets et les sites de marchands de jouets ne différent entre eux que de 15 kilo-octets.

Des 150 sites Web étudiés, Google.com s'est avéré le plus léger avec un poids médian de 12 kilo-octets! Les sites particulièrement denses en graphiques ont été classés derniers. On citera par exemple ceux de JCPenney dont le site Web a un poids médian par page de 451 kilo-octets, Spiegel.com (216 kilo-octets) et VictoriaSecret.com (173 kilo-octets).

Les pages Web les plus légères n'utilisent pas de rollovers, technique qui fait qu'un graphique en remplace un autre dès qu'on déplace le curseur, ont moins de 28 kilo-octets de texte et de liens HTML et ont soit un nombre très réduit de graphiques ou des graphiques de 1 kilo-octet en moyenne. En général, ils utilisent une palette de couleurs relativement limitée. Les pages Web les plus lourdes font un usage excessif de graphiques (dont chacun pèse plus de 2 kilo-octets) et abusent de scripts Java qui ralentissent considérablement le téléchargement.

L'intérêt de l'étude a été de démontrer que le poids d'un site peut avoir une corrélation négative avec le trafic sur ce même site vu l'impatience des visiteurs à attendre que la page s'affiche sur leur écran. Zona Research estime d'ailleurs que les sites Web perdent pas moins de 362 millions de dollars par mois parce que les visiteurs s'impatientent et abandonnent prématurément une page qui n'en finit pas de s'afficher sur leur écran.

En somme, les internautes sont très peu impressionnés par les prouesses techniques des concepteurs de sites qui sont peu attentifs à leur facture téléphoniques et sont de ce fait très peu sensibles aux images gif, aux tableaux et aux frames quand ils sont trop lents à télécharger.